» Je n’aime pas votre fille « 

solitude 3`

« Je n’aime pas votre  fille »…

Cette phrase résonne dans ma tête depuis tant d’années…

« Je n’aime pas votre fille »…

Elle a osé cette garce…

« Je n’aime pas votre fille… »

Cette fille : c’est moi…
Cette garce : ma prof de maths…

J’ai toujours aimé cette matière. Les maths étaient un jeu auquel j’adorais participer… Chaque question était une énigme que je prenais un grand plaisir à résoudre. Avec les maths ; pas de surprise, un seul résultat, pas de place à l’improvisation. Cela me rassurait.

Jusqu’au lycée, j’avais plutôt des facilités. J’étais celle pour qui on se battait pour se retrouver dans le même groupe de travail. Celle sur qui on trichait pendant les contrôles. Thalès et Pythagore étaient mes potes ; les maths, c’était « carrément mon truc ». Et j’en étais plutôt fière.

Puis arriva la première scientifique… Suite logique d’un parcours où les maths et la physique étaient mes points forts sans effort…

C’est avec cette entrée en 1ère S que je fis la connaissance de mon bourreau…

C’était sa première année dans mon lycée. La première et l’avant dernière. Juste le temps de me pourrir la vie.
Nouvelle venue, elle n’avait pas de réputation particulière.

C’est là que les problèmes ont commencé.

Le niveau de mathématiques s’est corsé… Au point qu’il faille réviser et travailler d’arrache-pied pour s’en sortir. A ce moment là, je me trouvais pour la première fois en difficulté : travailler m’était jusque-là inconnu. Les révisions ? Comment fait-on ? Je n’avais jamais eu besoin d’ouvrir un cahier pour m’en sortir avant ça, et encore moins dans cette matière… Je limitais la casse tant bien que mal et ne visais plus les 15 à 18 de moyenne auxquels j’étais habituée mais plutôt le 10/12…

Puis, mes résultats étant plutôt faibles, arriva très vite la première convocation : ma mère devait rencontrer le bourreau en urgence… c’était en octobre 1999. Halloween arrivait, elle allait nous montrer son vrai visage.

L’entretien se fit en ma présence. Après quelques minutes à parler de mes résultats, cette phrase sortie de sa bouche :
« J’avoue que je n’aime pas votre fille. ».
Clair, net, précis.

« Je n’aime pas votre fille »…

Cette phrase résonne encore…

A ce moment précis, mon cœur s’emballa, je me mis à trembler de façon imperceptible, j’avais les mains moites, mes ‘’ boyaux ‘’ se tordaient de douleur… Mon bourreau, lui, souriait, comme soulagé d’avoir pu nous révéler sa vérité.

Je me suis alors tourné vers ma mère…

Elle avait changé de couleur… était passée du rose au blanc pâle, du sourire et regard bienveillant à la stupéfaction totale…

Le temps s’arrêta, je ne peux dire combien de temps a duré le « malaise » qui a suivi.
Elle balbutia tant bien que mal un « ah bon ? Et pourquoi ? ».. Sans doute la seule chose qu’elle pu prononcer face au bourreau qui répondit « je ne sais pas, c’est physique, je ne l’aime pas. ».

« Je n’aime pas votre fille »…

Quelle putain de phrase quand même !!!

Mon destin était plié pour l’année à venir, voire les suivantes : j’allais morfler…

C’était insidieux, de petites réflexions anodines, comme celles qu’elle faisait en rendant une mauvaise copie à un élève… « Tu veux finir comme elle ? » …
Finir comme elle…
Ou en finir tout court… ?

C’était théâtrale, comme lorsqu’elle me demandait d’aller résoudre un exercice au tableau, et qu’elle disait « vous voyez ce qu’elle vient de faire, c’est le parfait exemple de ce qu’il ne faut pas faire… c’est bien pour ça que je l’ai envoyée au tableau ». Parfois le dialogue était plus court « toujours aussi nulle celle là, retourne à ta place. » Ma place… Mais où était-elle finalement…

C’était bref… Comme lorsqu’elle me jetait ma copie sur le bureau en disant simplement « nul, comme d’habitude. ».

C’était récurrent… Car pas un seul cours ne se passait sans une réflexion de sa part.

C’était invisible… Comme toutes ces fois où j’ai rendu une copie blanche, complètement paralysée par la peur face à la feuille d’exercices, avec cette phrase qui tournait en boucle dans ma tête, comme un vieux disque rayé : « je n’y arriverai jamais ».

J’étais nulle, elle nous l’avait bien dit, et maintenant, mes résultats ne faisaient que prouver qu’elle avait raison.

« Je n’aime pas votre fille ».

Moi non plus, je ne m’aimais pas… je ne m’aimais plus…

A l’époque, je n’ai jamais parlé de ce que je vivais à ma famille. Mes notes parlaient pour moi : j’étais nulle. Mes notes parlaient pour moi : j’avais honte. Et si je m’étais confiée ? Ils m’auraient certainement dit que je me trouvais de fausses excuses… Je ne travaillais plus. J’étais nulle et je l’avais bien cherché ! Quelque part, je méritais ce qui m’arrivait… Du moins, c’est ce que je pensais.

« Je n’aime pas votre fille »

Allaient-ils continuer à m’aimer… eux… moi… leur fille qui ne vaut rien.
Je leur faisais honte. J’en étais persuadée.

Cela aurait pu se limiter aux mathématiques… 4h de souffrance par semaine, j’aurais pu passer au-delà… Mais mon bourreau était mon professeur principal… Son pouvoir s’étendait sur les autres matières scientifiques… Notamment en physique, matière que j’affectionnais particulièrement… La professeur me l’a bien expliqué le jour de ma première mauvaise note : « Avec ce que tu fais en maths, ça ne m’étonne pas de toi, tu n’as rien à faire en section scientifique… ». Puis plus tard dans l’année « tu es tout juste bonne à faire un BEP. »

Ils avaient tous raison. J’étais nulle, je n’avais rien à faire ici. J’avais réussi à faire illusion jusqu’en seconde, mais j’étais démasquée. Une bonne à rien : c’est ce que j’étais.

Vint très vite la seconde convocation de mon bourreau… Elle nous a alors expliqué en long, en large, mais surtout en travers (de ma gorge), que les maths n’étaient pas faites pour moi… Nous devions envisager une réorientation. N’importe où, mais surtout dans une section sans mathématiques… Parce que « vraiment, les mathématiques et elle, ce n’est pas possible… »

Elle proposa alors à ma mère de me mettre en BEP, ou quelque chose d’autre « à mon niveau ». Finalement, mon avis importait peu pour elle. Je n’ai absolument rien contre les BEP et les gens qui y sont, dès lors que c’est par choix, par envie, et non par défaut. Dès lors que cela débouche, pour eux, vers un métier auquel ils aspirent. Il fallait que je m’y fasse, j’avais du me tromper toutes ces années… j’aimais les maths, mais les maths ne m’aimaient pas… je devais me faire une raison.

J’ai alors négocié pour passer en 1ère ES. Mon bourreau, après un rire qu’elle ne prenait pas la peine de cacher, nous l’a fortement déconseillé. Je n’y arriverai jamais, elle nous l’avait bien expliqué, j’étais nulle, et on ne voulait pas le comprendre. J’eus le toupet de demander « spécialité mathématiques ». Mon bourreau a alors rit à gorge déployée : « C’est une blague j’espère, tu veux que je te rappelle ce que tu vaux en mathématiques ? Non ce n’est pas la peine, tu le sais déjà ce que tu vaux.».

« Je n’aime pas votre fille ».

Je n’ai pas cédé… j’aimais les maths, et cet amour reviendrait, quoi qu’il m’en coûte.

Les mois passaient et je devenais l’ombre de moi-même. Je me rendais au lycée en trainant les pieds. Je ne maitrisais plus rien, je subissais. C’est à ce moment précis que j’ai commencé à fumer… C’était mon moyen à moi de me rebeller. Contre qui, contre quoi, je ne savais pas. Contre moi sans doute. Je ne comprenais pas, à l’époque, que j’avais tout simplement trouvé le moyen de finir le travail de destruction de mon bourreau. Elle voulait me tuer de l’intérieur, j’allais le faire moi-même, à petit feu…

L’année suivante, par chance, j’eus une autre professeur en mathématiques… Mais je n’avais pas prévu une chose : j’allais garder des séquelles des blessures de mon bourreau.

Les premiers mois furent difficiles : cette peur paralysante restait présente, le trou noir devant la page blanche se faisait récurrent. Cependant, il ne durait plus comme avant. J’étais désormais capable de rendre une copie « digne de ce nom ». Cette nouvelle prof n’avait pas encore vu que j’étais nulle, je pouvais donc lui faire croire que je ne l’étais pas.

Puis j’ai croisé mon bourreau. Sa classe était juste en face de la mienne, dans le même couloir. C’était donc inévitable. Nous étions en rang désorganisé, attendant le début des cours. Le bourreau, faisant un signe de tête en ma direction, demanda à l’actuelle : « Alors, tu t’en sors avec elle ? »
Elle riait.
Elle ne me lâcherait donc jamais…
Je la détestais, tout comme elle me détestait…
Je la détestais tout comme JE me détestais à présent.
J’eus une surprise en entendant la réponse : « Tu serais étonnée je crois.». C’était confirmé, j’avais donc réussi à faire croire que je n’étais pas nulle. Mais combien de temps cela allait-il pouvoir durer.

L’année de terminale eut le même ton… je ne travaillais pas, je tentais juste de faire illusion en classe… et ça a marché… jusqu’au bac… même en maths… où j’ai eu 18… coefficient 7…

« Je n’aime pas votre fille »
 
L’histoire pourrait s’arrêter là. Mais les cicatrices ont perduré pendant toutes mes études. La moindre difficulté, le moindre échec me rappelait à mon triste sort de cancre. La terreur devant la feuille blanche me paralysait souvent. Très souvent. Et ma nullité me rattrapait constamment. Mon bourreau n’était plus là, je demeurais sa victime.

« Je n’aime pas votre fille ».

Je me suis souvent demandé pourquoi personne n’avait rien vu. Mes parents, je peux le comprendre : je ne leur en parlais pas, et ils n’étaient pas présents lors des faits. Mais ces autres, bien présents eux, ces camarades de classe, qu’en pensaient-ils ?
J’eus la réponse bien des années plus tard, au cours d’un anniversaire où je retrouvais d’anciens copains de lycée. Entre deux ‘’ Passoa ‘’, séquence souvenirs d’école… On parle des cours, des profs… de nos coups de cœur… nos coups de gueule…
Le nom de mon bourreau vint assez vite sur le tapis. Apparemment, il avait marqué les esprits. Comment oublier un nom aussi commun : Mme Rousseau. Un ancien copain s’est alors tourné vers moi « C’était vraiment une garce celle-là. Surtout avec toi putain ! Tu te souviens ? ».
Est-ce que je m’en souvenais…
Quelle drôle de question…
Il y eut un blanc… J’étais surtout étonnée ! Mais à la fois émue…
Emue d’apprendre que je n’étais pas folle.
Emue car je trouvais quelqu’un qui était d’accord : ce n’était pas normal.
Emue car il était de mon côté.
Emue car j’ai sentie de la compassion pour son ancienne camarade de classe.
Je me suis sentie beaucoup moins seule en un instant… Dommage que cette parole ne soit venue à mes oreilles que sept ans plus tard…
Sept ans trop tard…

« Je n’aime pas votre fille ».

C’est une des premières choses que j’ai dite à ma thérapeute 10 ans plus tard. Afin d’acter une bonne fois pour toute mon incompétence, elle m’encouragea à passer des tests de QI. Quelle drôle d’idée !

Rendez-vous était pris : j’allais donc me prêter au jeu, et me saboter ! La veille du test, j’ai dansé toute la nuit, pris le temps de dormir 2h, une douche et me voilà partie. Au moins, si je me plantais (car j’allais me planter) je pourrais dire que c’était parce que je n’étais pas en forme. Mon alibi était trouvé.

« Je n’aime pas votre fille ».

Les résultats arrivèrent par courrier. « Mlle XXX a un très haut potentiel intellectuel ».

« Je n’aime pas votre fille ».
 
Dommage que je ne puisse pas retrouver mon bourreau… je pense que j’aurais deux trois mots à lui dire …

J’ai été sa victime pendant bien plus d’années que celle passée dans sa classe… Je ne le serai plus.

© Journal d’une psychomot’

37 commentaires

  1. Merci pour ce billet, une histoire tellement quasi identique, un tel point qu’il y a encore quelques mois j’aurai sans doute pleurer toute les larmes de mon corps en vous lisant, plus de 20 ans après.. c’est courageux de l’écrire, de le partager et c’est tellement important de la faire, merci !

  2. Et quand on a de bons résultats comme vous jusqu’en seconde et que l’on se casse la gueule en 1ere S mais que ce sont vos propres parents qui doutent de vos ressources cognitives, quand votre mère vous montre à quel point tous les autres qui s’en sortaient moyennement sont en train de vous dépasser, ça donne quoi ? ça donne de petites études dans des boites à fric payées par Papa-Maman, des boulots très en dessous de mes possibilités pendant 15 ans, une estime de moi dans les chaussettes et……Une renaissance ! Un jour, comme ça, une idée fixe : devenir orthophoniste…Reconversion, et aujourd’hui, je suis bien dans mes baskets et les enfants qui viennent avec des difficultés, ça me parle !!

    • Quand je vous lis toutes les deux, j’ai l’impression de me voir avec mon prof de maths de seconde.
      J’ai fini en littéraire où certes je me baladais plutôt, mais jamais on ne m’a demandé mon avis.
      Très bonnes notes en maths, physiques et sciences naturelles jusque là, mais une année avec un prof dont l’autre plus petite classe était les maths sup…
      Un manque de respect total, un plaisir pervers à voir les élèves ramer et des calculs douteux pour avoir une moyenne de classe à 10 quand 30 élèves sur 40 se tapaient moins de 8 de moyenne…
      Et surtout des dégâts sur la confiance en soit, les rêves et la motivation d’élèves qui étaient prêts à se démener pour comprendre malgré ses sarcasmes.
      Ai je oublié de dire que je voulais faire une carrière dans le médical?
      18 de moyenne en bio et physiques chimie mais 8 en maths et on vous sort que vous êtes nulle en scientifique.
      Alors je ne vous en parle pas quand je leur ai sorti que je prenais l’option maths!
      Et le prof de première qui découvre que les littéraires savent faire une addition lol
      Non mais franchement ça doit être l’un ou l’autre
      Pour la petite histoire, mon prof de math de littéraire est aujourd’hui un des élus de la mairie où je bosse et moi je m’occupe entre autre d’une des régies comptable de la mairie. Revanche? ;)

  3. J’ai vécu cela en CM2 et pour cadeau elle m’a fait redoubler et garder dans sa classe. Sachez que nous on vous aime :-)

  4. Bravo pour votre résilience! Je lis tout de même dans votre histoire l’absence regrettable de vos parents, qui auraient pu éviter ce drame dans sa totalité, d’autant qu’ils avaient rencontré le professeur et pu constater son agressivité envers vous. Sans pour autant leur en vouloir démesurément, il est important de garder à l’esprit que c’est le devoir des parents de défendre leur enfant, et de surtout ne jamais entraver la communication avec cet enfant… au point qu’il n’ose pas leur dire qu’il se fait harceler par son prof :(

    • journaldunepsychomot

      Merci pour votre commentaire.
      Contrairement à ce qu’on pourrait croire, mes parents n’étaient pas absents… et je ne pense pas qu’ils auraient pu éviter ce drame dans sa totalité… la communication n’a jamais été entravée entre nous. Cependant, je n’osais pas dire ce qui se passait pour la simple et bonne raison que je n’avais même pas conscience de ce qui se passait réellement… c’était insidieux… c’était lent… c’était progressif… au point que je n’ai pas du tout eu conscience du harcèlement spécifique de cette prof… Car les réflexions qu’elle pouvait faire, je les entendais partout, envers tous les élèves, de la part de la majorité des profs… En tant qu’élève, justement, nous étions bien trop habitués à ce type de remarque pour que je puisse me rendre compte que les siennes étaient plus fréquentes et spécifiquement dirigées vers moi… synonymes de harcèlement… De plus, l’amour inconditionnel de mes parents m’a permis de passer au dessus de tout ça… ils ont pensé que ça suffirait… Bien des années plus tard, en lisant ce texte, ils se rendent compte et regrettent de ne pas avoir fait plus… Il ne savait tout simplement pas. J’avais un tel masque souriant, d’ado bien dans ses baskets, presque « populaire », que personne n’aurait pu imaginer ce qui se passait réellement… Je pense qu’il faut être vigilant avec les enfants qui vont presque trop bien et encaissent « trop facilement » ce type de remarque… cela cache souvent quelque chose… et c’est là que l’entourage se fait avoir !!!

  5. En moins grave, j’ai vécu quasiment la même chose que vous au même moment en terminale S. J’ai obtenu mon bac scientifique mais pas grâce aux maths.
    J’ai eu par la suite les mêmes paralysies face à un potentiel échec que je refusais d’affronter … donc, je sabordais à l’avance.
    Comme je vous comprends.

    • journaldunepsychomot

      Je ne pense pas qu’on puisse dire que cela est « plus », ou « moins », grave… Il n’y a pas d’échelle dans la souffrance…
      Si cela a eu des répercussions sur les années futures, c’est bien que cela a eu un impact important dans votre vie.
      Comment avez-vous réussi à sortir de ce « processus » de sabordage?

  6. Votre témoignage fait froid dans le dos. Je n’ai pas vécu le même enfer que vous mais j’ai eu en seconde une prof de sciences physiques qui humiliait les mauvais élèves de façon très désagréable. Elle rendait les copies dans l’ordre décroissant des notes en faisant des réflexions très dévalorisantes à ceux qui « avaient raté leur contrôle. Je me souviens arriver la boule au ventre à ses cours :-(
    Pour ma part, j’avais des résultats en dent de scie, terrorisée devant la feuille blanche alors que j’avais été excellente dans cette matière une année auparavant. Comme quoi, oui, on peut faire un blocage psychologique devant une matière !

    • journaldunepsychomot

      Je trouve assez sidérant qu’il n’y ait pas plus de contrôles sur la façon de tenir une classe… Je me souviens des jours de « contrôle de l’inspecteur »… Les élèves étaient au courant, nous faisions même une répétition du cours à venir pour ne pas mettre le/la prof en défaut… Ridicule… En attendant, de nombreux enfants, ados, gardent les séquelles de tels agissements…

  7. Il m’est arrivé la même chose avec mon instit de ce1, elle a dit à mes parents « je n’aime pas votre fille, je ne sais pas pourquoi, c’est physique »… J’étais continuellement puni et je n’ai jamais compris pourquoi… Que je travaille ou non j’avais de mauvaises notes et j’étais punie. Elle a complètement bousillée ma scolarité… j’ai manqué pendant très longtemps de confiance en moi.
    Aujourd’hui j’aimerai me réorienter professionnellement mais rien qu’a l’idée de reprendre des études je suis tétanisée….

  8. Bonjour j’ai connu ça avec une prof de latin au collège qui m’a dit que je n’y arriverai pas. Puis une prof de maths au lycée qui m’humiliait des qu’elle pouvait car j’étais mauvaise en maths. Idem avec un prof d’histoire. En fait je suis HP et TDAh et je n’arrivais pas à me concentrer.
    Maintenant je suis orthophoniste pour aider ceux qui n’y arrivent pas à l’école surtout à cause de profs méchants.

    • journaldunepsychomot

      Votre témoignage est triste et tellement positif à la fois… Ce que je retiens, c’est que vous vous êtes battue, en êtes sortie, et la chance que vos petits patients ont de vous avoir… Car qui est mieux placé pour comprendre un enfant « blessé » qu’un adulte qui a vécu cet enfer…

  9. J’ai partagé sur Facebook, dans un groupe sur les enfants intellectuellement précoces pour montrer à quel point le soutien de l’entourage est important!

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  11. Se faire détester par un prof de langue dès le premier contact, au départ sans savoir pourquoi, puis par la suite apprendre que c’est à cause de son aspect physique (j’étais grosse) et ceci à l’âge de 15 ans avec la fragilité de l’adolescence. Au point que toute l’heure de cours je regardais les nuages par la fenêtre et je m’évadais par la pensée, je suis la seule à qui elle a donné une retenue. J’essayais de me venger, je l’avais caricaturée avec une araignée qui lui pendait du nez. Mais j’ai raté mon année et malgré tous mes efforts par la suite je n’ai jamais réussi a apprendre le néerlandais pourtant, j’ai été en Flandre, suivi des cours particuliers, des cours du soir mais je reste rebelle aux langues et mes humanité furent très chaotiques et j’ai réussi sans problèmes mes études supérieures. Lors d’un stage, je l’ai croisée et elle m’a lancé ce même regard de haine que lorsque j’avais 15 ans. Il faut dire que malgré des tas de régimes j’ai gardé mon embonpoint. Moi aussi je faisais l’amuseur public avec le désespoir au fond du coeur. Actuellement, je suis une psychothérapie avec un psychiatre qui m’a aussi détecté asperger et HP.

    • journaldunepsychomot

      Merci pour votre témoignage Cécile !
      Je ne sais, de mon côté, pas trop comment je réagirais si je la voyais… mais je m’y suis préparée un peu.. on ne sait jamais !!
      Ce diagnostic vous a-t-il aidé à avancer ? De mon côté, ça a été une vraie révélation…

  12. Mon dieu, J’ai l’impression de lire mon histoire… Mais contrairement à vous, je n’ai pas réussi à remonter la pente. 10 ans après mon bac, je n’ai toujours pas terminé mes études, je n’ai toujours pas réussi à me fixer, je vais d’une formation à une autre.
    Tout m’intéresse,je comprend vite, apprend vite, mais au moment des partiels… je redeviens « nulle ». Le trou noir. Et je rate.
    Il me reste un semestre à valider pour ma licence (et je VAIS le valider), puis je vais tenter une passerelle pour psychomot’. (j’ai déjà raté 2 fois le concours… « nulle »).
    Merci :)

    • vous préparez une licence de?
      si vous le souhaitez, on peut en discuter par mail à l’adresse suivante : journaldunepsychomot@gmail.com

    • Bonjour, je suis exactement dans la même situation que vous, j’ai passé le bac en 2008 et depuis je n’ai pas validé une seule année d’études supérieures… Je voulais faire de la psychologie, j’ai fait un an en Espagne et j’ai adoré mais le retour en France a tué dans l’oeuf ce désir. Face à un système bien rodé fait de mauvaises notes pour « stimuler l’élève et le pousser à faire mieux » je n’ai pas tenu. S’en suivent invariablement les mensonges que je fais à mes proches (il ne faut pas qu’ils sachent que je rate les cours, à quel point je suis nulle et faible) et hop c’est parti pour un tour!!
      Aujourd’hui j’ai décidé de casser cette spirale infernale qui chaque jour faisait en sorte de me sentir pire qu’avant, complètement marginale. Je travail donc comme hôtesse d’accueil puisque bizarrement au niveau professionnel je m’éclate, et ai trouvé une psy merveilleuse qui me permet de dédramatiser toute cette honte que je ressentais.
      Les enfants ou adultes intelligemment précoces vivent souvent leurs capacités comme un boulet, pourquoi croire que l’on est plus intelligent que les autres quand on arrive « à rien »‘?
      J’espère qu’un jour le système bougera et que l’éducation nationale reconnaitra qu’il n’y a 1) pas qu’une seule forme d’intelligence et 2) que les professeurs (qui représentent quand même une autorité presque suprême pour leurs élèves) peuvent faire autant de bien que de mal et qu’ils soient sensibilisés aux dangers d’un harcèlement moral….

      Merci à vous tous pour ces partages et félicitation au journal d’une psychomot qui a retranscris parfaitement ce que beaucoup d’élèves ressentent!!!!

  13. Ils sont nombreux nos bourreaux… Moi j’étais en primaire, l’enseignante a dit à ma mère devant moi que j’étais nulle et que je n’aurais jamais mon bac…j’ai eu mon bac et je suis psychomot’! ;)

  14. Ce texte est très touchant. Je n’ai moi-même jamais vécu cela, par chance, mais j’ai eu l’occasion de le voir vivre par une amie. Il s’agissait cette fois de la professeur d’anglais européen, pour une jeune fille aujourd’hui bilingue et étudiante d’un double cursus philo/anglais à la Sorbonne.

    Je me souviens à l’époque avoir assisté à ces scènes sans savoir quoi faire. Obligée de regarder mon amie blêmir sans oser prendre la parole : après tout on doit le respect aux adultes… Je pense à toute ses fois ou j’aurai du me lever et dire « stop ». Peut-être que certains de vos amis ont éprouvé la même chose que moi.

    J’espère que cet article va se répandre car je voudrais que les jeunes qui vivent ça ou qui voient leurs amis vivre ça comprennent que ce n’est pas normal, ce n’est pas leur faute comme ce n’était pas la votre. Et qu’il faut en parler.

    • merci pour votre commentaire.
      Vous n’avez pas à vous en vouloir, il est difficile de savoir comment réagir face à ces comportements destructeurs!!
      J’espère également que cet article se répandra afin que les langues se délient, que les gens osent parler.
      Même en 2014, ce type de harcèlement reste encore très/trop tabou !

  15. Ton texte m’a profondément touché, moi même psychomot et prise en grippe par une prof de science physique… Seule élève de terminale S qui aimait, chérissait l’art plastique et la philosophie! Tu as eu le courage de continuer et d’aller jusqu’au bout et ton 18 en math, moi je te dis que c’est la pire claque que tu es pu lui mettre!

    • Malheureusement, elle ne fréquentait plus le lycée pendant mon année de terminale… elle était déjà partie, on n’a jamais su pour quelle raison d’ailleurs.
      Il est vrai que j’aimerais vraiment la retrouver pour pouvoir lui dire deux trois mots :-)
      Je suis touchée également que ce texte face écho à autant de monde… Comme quoi, on ne parle que trop peu du harcèlement des profs envers leurs élèves !!

  16. J’ai connu ce genre de problème, bizarrement ce fut aussi avec ma prof de math, à croire qu’il y a un gène spécifique à la bêtise pour ce genre de personne.
    Pour ma part je suis en cours de diagnostique du syndrome asperger, je souffre encore de ces remontrance et de ces critiques.
    Je te souhaite bonne chance et un long parcours dans tous ce que tu aimes.

    • Avec le temps, on apprends à panser ses blessures et à en faire une force !!!
      Ces remontrances, ces critiques ne font que nous rendre plus fort, une fois qu’on a réussi à aller de l’avant !!
      A quand remontes cette mauvaise expérience pour toi?
      Bon courage dans cette démarche de diagnostic qui, une fois adulte, est bien complexe.

  17. Votre témoignage m’a mis les larmes aux yeux… Et ça résonne étrangement avec mon histoire. Comme vous : 1ere S car j’aimais les maths, prof de math avec qui rien n’allait, passer de 17 à 8 de moyenne. Également prof principal, méprisant et humiliant. Bref, j’ai qd meme eu mon bac S et avec 16 en math. Pourtant 8 ans après cette histoire que je n’ai toujours pas oublié, j’aimerais retrouver ce prof et lui dire ce qu’est devenue « la bonne à rien de l’avant dernier rang ».

    • le but de cet écrit étais aussi que les gens qui le lisent, pour qui ça fait « écho », se sentent moins seuls… Car cette solitude, cette sensation de ne pas avoir été compris est insoutenable… En tous cas, vous êtes allée jusqu’au bac et avec brio : une belle revanche !

      • Vous avez réussi votre objectif avec moi en tout cas !! :) C’est vrai que c’est dur pour l’entourage de comprendre ce que ça peut faire… Mes amis de l’époque n’ont jamais saisi l’importance que cela représentait pour moi. Oui je suis allée jusqu’au bac et après avoir arrêté mes études, j’ai fini par reprendre les concours pour devenir psychomot ! Aujourd’hui le défi est relevé !

        • et vos amis actuels? comprennent-ils lorsque vous leur racontez l’histoire?
          Oui, le défi est relevé !!! bravo à vous :-)

          • Mes amis actuels… Ils ne comprennent pas tous. C’est toujours difficile pour certains de se dire « mais tu pleurais à cause d’un prof ou d’une mauvaise note en math ? »… Ca vous est arrivé ?!
            Mais peu m’importe maintenant, J’ai fini par faire avec et ne plus en parler. Jusqu’à ce que je lise votre article !

            • Le truc c’est que je ne pleurais pas… ou plutôt pas en public… de honte, je jouais plutôt à faire le pitre où à la « rebelle » dégoûtée « pff trop conne cette prof » devant les copains… Je ne me souviens pas avoir pleuré directement pour ça mais avoir ressenti un malaise profond dont je n’arrivais pas à cerner l’origine : oui.
              Je pense que même des années plus tard, il est important de pouvoir parler… Avec du recul, les gens écoutent mieux et prennent conscience de ce à côté de quoi ils sont passés à l’époque… A qui voudriez-vous en parler :-)

              • Je ne pleurais pas en public non plus mais quand je leur racontais, je disais forcément qu’il m’arrivait de pleurer de colère tellement je trouvais que ce prof était injuste/ irrespectueux envers moi.
                Vous trouvez que c’est important d’en parler même des années après ? A vrai dire je n’ai jamais réfléchis à qui le dire et pouquoi en reparler à l’heure actuelle. Donc je n’ai pas de réponse à votre question :) Peut etre que votre article a ouvert une porte que je pensais avoir fermé… C’est un sujet qui donne réflexion !! :)

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